Texte de la conférence
« KAMELIA E PEP LIORZH E BREIZH »
Ur ger e Brezhoneg evit kregiñ.
« Kamelia e pep liorzh e Breizh », « Des camellias dans chaque jardin en Bretagne », tel est le titre du livre paru en breton pour le festival du livre de Carhaix en octobre 2017. L’idée a germé un an plutôt dans les locaux de l’IDBE . C’est dans le pays de Guingamp où l’IDBE est basée que se trouvent quelques uns des acteurs les plus actifs du monde des camellias. Cependant c’est la Bretagne toute entière qui est concernée par cette histoire et c’est donc aux cinq coins de la Bretagne que l’équipe a cheminé. Nous avons rencontré quelques uns des acteurs professionnels et ainsi de parcs en pépinières, de festivals en jardins, nous nous sommes enrichis de connaissances et de savoir sur cette plante magnifique.
Un autre postulat était de faire se rencontrer l’univers de l’IDBE – conservatoire et préservation écrit et iconographique de la Bretagne et des minorités européennes – et celui de la culture du camellia (qui fait également partie de notre patrimoine) dans notre pays à travers les obtenteurs, les jardins professionnels ou amateurs, les pépiniéristes ou encore les directeurs de collections.
A ce jour, il n’existait aucun livre en Breton sur le camellia alors que la plante est omniprésente en Bretagne, on pourrait croire qu’elle est là depuis toujours bien enracinée en terre de Bretagne !
Elle nous surprend par sa floraison et est aussi au centre d’un enjeu économique….
La première description du camellia est l’œuvre du médecin Allemand Kämpfer en 1712. C’est l’éminent botaniste suédois Karl Von Linné qui nomme le genre « Camellia » en 1735 et c’est le frère jésuite Joseph Kamelius qui est le père du camellia sans ne l’avoir jamais vu ni connu. Pharmacien, il a exercé aux Philippines et est décédé en 1706 un an avant la naissance de Linné.Il était originaire de Moldavie (Tchécoslovaquie). Linné a voulu rendre hommage au jésuite spécialiste des plantes médicinales du nom de Kamel, il a donné au Tsubaki (nom japonnais du genre), le nom camellia en latin. Camellia avec « LL » en latin et en langue anglaise, le plus souvent un « L » en langue française. En Breton : Kamelia pe Kamellia ? La question est posée… on attend vos choix !
Dans le monde 350 espèces de camellias ont été découvertes à ce jour. Toutes sont originaires des régions tropicales ou du moins avec un hiver doux et un climat humide. La Chine du Sud avec leYunnan (55), Guangxi (66), le Guandong (50), le Sichuan (29) mais aussi Taiwan (8), le Japon (4) Tibet (2), Nepal (2). La plupart vivent entre 500 et 1500 mètres d’altitude.
Les 17 et 18èmes siècles ont été des siècles d’exploration et de découvertes lointaines grâce à la bravoure de navigateurs comme le capitaine Cook et de scientifiques embarqués sur les navires à voile.
Dès 1775, les premiers camellias arrivent en Italie, idem en Espagne et au Portugal . Au Sud-est de Saint-Jacques de Compostelle (Galice) on peut voir un arbre camellia dans les jardins de Palacio de OCA, c’est un reticulata ‘Capitaine Rawes’ il fait 10m de hauteur, 9m40 de largeur, 1m60 de circonférence à 1m de hauteur.
En Belgique à Gant dès 1809, est organisée la première exposition consacrée aux camellias.
En Allemagne, ce n’est pas moins de 100000 plants qui sont cultivées en 1850 malgré un climat continental (très chaud en été, très rigoureux l’hiver) d’où l’obligation de les cultiver en pots et de les rentrer en serre hors gel en hiver.
Dans tous les pays les sociétés savantes s’organisent et font la chasse aux plantes et espèces exotiques rares.
En Angleterre c’est la Royal Horticultural Society qui s’active à enrichir les serres et jardins royaux .
En Europe, le camellia est d’abord venu sous forme de tisane d’ailleurs ce sont les Hollandais qui ont introduit le thé (camellia Sinensis…) dans les salons anglais. Les camellias ‘Alba Plena’ et ‘Variegata’ étaient déjà admiré en Grande-Bretagne en 1790…
Les camellias sont aujourd’hui présents au sud des USA (Californie, Georgie, Louisiane….), en Afrique du Sud, en Australie, Nouvelle Zélande, Japon, Chine, Inde du Nord, Vietnam, au Sri Lanka, en Europe le long de la côte Atlantique (grâce au Gulf stream), en Italie (région des lacs : Come, Majeur, de Garde) Belgique, Hollande, Allemagne (cultivé en serre), Portugal, Espagne…
En Bretagne aussi évidemment on le voit partout ! Quand on parle du camellia en Bretagne, le regard se tourne de suite vers Nantes.
Comme partout en Europe, les premiers plants sont venus en Bretagne dans les soutes ou sur les ponts des navires, bien emballés et arrosés à l’eau douce.
A Nantes, Abraham Ferdinand Favre fait figure de précurseur en faisant venir d’Angleterre 10000 graines qu’il sème dans les serres de son jardin de Saint-Sébastien sur Loire. Les milliers de plants qui lèvent, il les transplante les années suivantes en pleine terre à l’extérieur. Ils ont résisté au froid des hivers contrairement aux croyances d’alors et Mr Favre a mis en évidence que les camellias pouvaient s’adapter au climat breton. La mode était jusqu’alors de les planter en serre. Maire, député et sénateur de Nantes, il fut aussi obtenteur avec ‘Henri Favre’ et d’autres variétés.
A Nantes comme à Angers plusieurs maraîchers se lancent dans l’horticulture souvent en complément d’activité avec l’arrivée d’une nouvelle classe bourgeoise et aisée qui se fait construire maisons et jardins arborés.
Si à Nantes une des plus ancienne pépinière sont les établissements Bureau, on peut noter que déjà en 1829 Jean Gouillon créait le camellia ‘Nannentensis’ .
D’autres obtentions Nantaises et Bretonnes ‘Marguerite Gouillon’ 1842 par les pépinières Drouard Gouillon, ‘Duc de Bretagne‘ en 1849. Prospère Nerrière crée ‘Gigantea’ . En 1848 voit la mise en place des jeux floraux, fête des fleurs de camellias dotés de prix pour les création de nouveaux camellias mais aussi pour les établissements horticoles. Être nominé autant pour les amateurs que les professionnels était très recherché. Les catalogues végétaux faisaient déjà leur entrée dans le monde de la « pub ».
Le 16 mars 1856, (remarquez la date), le jury des jeux floraux est réuni au grand complet, quand, tout à coup le canon tonne une fois et à de nombreuses reprises !. Non ce n’est pas la guerre qui recommence mais l’annonce d’un heureux événement royal : l’enfant de Eugénie de Montejo et de Napoléon III est né. Favre-Couvet frère d’Abraham, sous préfet à Colmar, en vacances, présent à la réunion et lui-même passionné par le camellia propose de breveté l’une de ses obtentions ‘Prince Impérial’- Rouge vif.
En 1856, 600 plants de camellias sont exposés à Nantes lors de la fête dont 150 cultivars. (Le Cultivar est une variation de plante qui est maintenue en culture. Désigne exclusivement une variété horticole depuis 1959).
En 1865 l’arrivée du train à Nantes va faciliter le commerce et les voyages….
Jean Heurtin, grande figure Nantaise du camellia crée en 1879 ‘Beauté de Nantes’
La fleur de camellia portée en boutonnière ou au poignet fait un véritable tabac, ça fait très chic !
Le premier janvier 1888, ce n’est pas moins de 120000 fleurs du camellia ‘Noblissima’ qui sont vendues aux halles de Paris. La variété ‘Noblissima’ crée en 1834 par Mr Lefevre à Gand en Belgique reste encore aujourd’hui un blanc très apprécié par la longévité de sa floraison (de novembre à mars!)
Pour conclure on peut affirmer que « Naoned a zo Kêrbenn ar c’hamellia e Breizh ».
Nantes capitale du camellia en Bretagne mais pas la seule ville, bourg et jardin où le camellia est aussi à la maison.
Le plaisir de cultiver cet arbuste ou tout autre (hortensias, rhododendrons, fushias) reste aussi le plaisir de partager.
Une autre figure incontournable du monde des camellias, un éminent ecclésiastique est bien sûr l’abbé Berleze qui publie en 1845 sa célèbre monographie du genre ‘Camellia’, où il présente plus de 700 cultivars. Elle reste la bible des passionnés et amateurs de camellias. (Réédité en 2005)
Et encore, le vicomte Charles de Noailles, membre de la « Royal Horticultural Society » d’Angleterre et propriétaire d’un magnifique jardin de camellias à Grasse (Var) et l’un des membres fondateurs de l’ICS.. En 1962, qui regroupe l’ensemble des botanistes et amateurs de camellias de la planète…Bleue.
En Bretagne, Jean le Bihan de Poullaouen (29) fait figure aussi de précurseur. Dans les décennies 1960 – 1970, il cultive dans son jardin de nombreuses variétés venant des USA, du Japon, de Chine, d’Australie…Il publie « Pas de jardin sans camellia » réédité en 1971 où il exprime pleinement sa passion pour les camellias.
Noël Yezou de Quimper président de la société d’horticulture de cette ville, est aussi un pionnier et il n’est pas le seul..
Voici maintenant quelques camellias présents dans le livre :
Chouchou’ – blanc – Joséphine Berehouc
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- ‘Jules Verne’ – Rouge – Thoby
- ‘Gloire de Nantes’ – Henri Guichard
- ‘Amzer Nevez’ – Fañch ar Moal
- ‘Fondation Luciano Pavarotti’ – Rouge -Fañch ar Moal
- ‘Côtes d’Armor ‘- Fañch ar Moal
- ‘Kerdalo’ – Roger Salaün
- ‘Paul Sérusier’ – Roger Salaün
- ‘Parc Leo’ – André Gloaguen
- ‘Pompon Rouge’ – André Gloaguen
- ‘Paulinette’ – André Gloaguen
- D’autres obtentions Nantaises :
- 1883 ‘Donckelaeri’ Eugène Lize, Mathurin Lize.
- ‘Gloire de Nantes’ , le Lys, ‘Madame Henry Cormerais’, sport de ‘Noblissima’, ‘Jules Verne‘ et ‘Chardonnet’ (Thoby)
- 2004 ‘Casimir’ Le maitre de Carquefou
Lors de la conférence les obtentions et les obtenteurs sont commentés et expliqués comme dans le livre « Kemellia e pep liorzh e Breizh »
http://oacom.fr/boutique/nonclassé/kamellia-e-pep-liorzh-e-breizh/
Parmi les obtenteurs de camellias bretons :
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- Roger Salaun de Château neuf du Faou. Obtenteur de la Charlotte (pomme de terre) après 10 ans de recherches et de plus de 30 autres variétés dont ‘Amandine’. Créateur d’un jardin de 350 variétés ….. Un des promoteurs de la collection de camellias du domaine de Trevarez (lui aussi labellisé Garden of Excellence par l’ICS).
- Fañch ar Moal, Park ar Brug 14000m² avec 850 variétés. Labellisé en 1996 par le Conservatoire Français des collections végétales spécialisées et en 2012 son jardin devient « Garden of excellence » par l’ICS.
- Andre Gloagen Park Leo à Plouisy, jardin de 7300m². Créateur d’une des plus grande base de données : Camelbase, lui-même obtenteur de camellias.
- Mikael Korle de Goudelin (22), autre passionné, 350 plants de camellias dans son jardin. A beaucoup appris grâce à Fañch ar Moal..
Pour finir citons Jean Laborey et Paul Plantiveau, ingénieurs botanistes à Nantes, pépinières Liberge ….
Des jardins à visiter sans modération :
Tout d’abord les deux jardins publics classés « Garden of excellence » par l’ICS :
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- Les parcs et jardins du château de Trevarez (29)
- Le jardin botanique de Nantes (44)
Le seul jardin privé classé « Garden of excellence » par l’ICS :
- Park ar Brug (22) chez Anne et Fañch ar Moal (François le Moal en français) à Plouisy qui se visite uniquement sur rendez-vous. Le label crée en 2003 regroupe les 50 plus beaux jardins de camellias au monde.
A Nantes d’autres jardins de camellias remarquables :
- Le jardin de Prose
- Les parcs et jardins de la Beaujoire
- La Gaudinière
A Fougères , les jardins et le château. A vannes, Lorient, Brest, Saint-Pol de Léon. Mais aussi le Parc florale de Haute-Bretagne, Le Chatellier (35)
Les jardins privés :
- Annie et Jean-Paul Lamezec à Plougastel Daoulas (29)
- Guy Andro à Plouharzel (29)
- Ewen à Rumengol (56)
- Kerdalo à Trédarzec (22)
- Jardins de Marie-Thérèse Bleuzen à Brieg (29
Et bien sûr :
- Le conservatoire des obtentions bretonnes à Château-Neuf du Faou
outre sa situation remarquable en hauteur de la ville, il regroupe plusieurs centaines de variétés de camellias issus de la terre bretonne de Nantes à Brest et de Plougastel Daoualas à Pontorson. A l’initiative du jardin conservatoire, Mr le Maire Jean-Pierre Rolland, la municipalité, la Société Bretonne du Camellia et bien sûr Roger Salaün. Du jardin, on aperçoit bien le château de Trevarez et la Montagne Noire, la Montagne de Laz. Un jeune jardin qui va fleurir dans les décennies et les siècles à venir. On lui souhaite aussi d’être labellisé « Garden of Excellence » mais déjà il est « Liorzh Dispar ».
Pendant la conférence les nombreuses variétés de camellias sont expliquées, sans oublier
l’Art Floral, Ikebana : également connu sous le nom de kadō, « la voie des fleurs » ou « l’art de faire vivre les fleurs », est un art traditionnel japonais basé sur la composition florale. Le camellia bonsaï, les festivals, l’art photographique….
Des conseils de plantation vous seront expliqués ainsi que des renseignements sur les différentes maladies….puis questions – réponses.
Du 25 au 29 mars 2018 Congrès international à Nantes
Encore une fois où la ville de Nantes a accueilli le Congrès international du camellia.
280 botanistes et amateurs spécialisés réunis par l’ICS pour débattre, étudier mais aussi visiter les parcs et jardins, les pépinières…
Le congrès est organisé tous les deux ans et change à chaque fois de continent.
Lors du pré-congrès du 21 au 25 mars, ce n’est pas moins de 160 congressistes qui ont sillonné la Bretagne de Parcs en jardins dont un bon nombre a été cité au cours de la conférence…
L’international Camellia Society (ICS) est actuellement présidé par un botaniste de Chine. Neuze hetomp dezho un degemer mat e Breizh !
Bibliographie :
« Les camélias » de Jean Laborey aux éditions Flammarion, collection La Maison rustique – 1986
Conférence réalisable en breton ou en français. Durée de 1h30 à 2h00, avec PowerPoint. Nous nous tenons à votre disposition
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